Portraits de deux-sévriens morts pour la France


1939 – Raymond Julien CHANTECAILLE (1907-1939)

Le sergent Raymond Julien Chantecaille du 32ème Régiment d’Infanterie, 11ème Compagnie, est né le 19 juillet 1907 à Chauray (Deux-Sèvres). Il est le fils de Julien et Eléonore Doray. Il s’est marié le 3 août 1932 à Lezay (Deux-Sèvres) avec Françoise Berry. Le 5 septembre 1939, après avoir défilé la veille pour saluer les Tourangeaux, placé sous les ordres du colonel de Fonsegrive, le 32ème RI quitte Tours pour le front en train (dans des wagons à bestiaux).

Lors de l’offensive de la Sarre, le 32e RI combat sur la Lauter. Ainsi, dans la nuit du 5 au 6 septembre 1939, il avance dans le terrain évacué par la Wehrmacht et piégée par elle, perd des hommes, victimes de mines. Le 9, se déroulent quelques combats d’infanterie. Les Français passent la Sarre à Welferding, avancent sur le plateau d’Auersmacher. Le lendemain, les Allemands contre-attaquent, s’emparant du village d’Apach que les Français reprennent le soir.
Toujours en Moselle, le 32e R.I. prend la localité allemande de Brenschelbach, perdant neuf hommes : un capitaine, un sergent et sept fantassins. Le sergent était Raymond Julien Chantecaille. Il est décédé (tué à l’ennemi) le 14 septembre 1939 à Brenschelbach, en Allemagne.
Il est inhumé à Ormersviller, en Moselle, puis exhumé et réinhumé à Saint Louis les Bitche le 7 juillet 1942 au cimetière militaire. Il laisse
derrière lui sa femme ainsi que sa fille nommée Jeannine.

Il est actuellement inhumé à Saint-Maixent-L’Ecole (Deux-Sèvres), au cimetière communal. Une plaque est apposée sur sa tombe : « Les
instituteurs du Canton de St-Maixent à leur collègue mort pour la France ». Son nom est gravé sur une plaque à Nanteuil et sur le monument aux morts de Chavagné et Breloux à la Crèche (Deux-Sèvres).


1940 – René COULOMBEAU (1906 – 1940)

René Coulombeau est né à Parthenay (Deux-Sèvres), le 2 février 1906, où son père était plâtrier. Il exerce la même profession. Membre du Cercle Saint-Joseph, il fait partie de la fanfare. Il est aussi musicien à l’Union parthenaisienne. Marié, il a une fille née en 1933.

En 1939, il est mobilisé u 125e régiment d’infanterie de Potiers, qui se trouve en mai 1940 sur la frontière belge, dans l’Aisne, avec la 18e division d’infanterie. Lors de l’invasion allemande, sa division subit de violentes attaques aérienne de Stukas. Le 15 mai, alors que la plupart des troupes refluent dans le désordre, le sergent-chef Coulombeau fait partie de ceux qui ne se débandent pas. Le 18 mai 1940, le général Béziers-Lafosse n’a que des éléments éparts de divers régiments à opposer à la poussé allemande. Totalement encerclés, il vont succomber sous le nombre. Le sergent-chef Coulombeau est tué, au carrefour de l’Etoile, dans la forêt de Saint-Michel en Thiérache, avec douze autres combattants de divers régiments, en défendant un fortin de la ligne Maginot, qui était encore en construction.

Leurs corps sont sommairement entérrés sur place par l’ennemi. La famille ignore pendant un an le sort du disparu. Elle apprend la mort au printemps 1941, lorsque la population de Saint-Michel donne, aux treize héros, une sépulture au cimetière après un officier religieux dans l’abbatiale. En juillet 1948, son corps est restitué à son épouse. Il repose au cimetière de Parthenay.


1941 – Léopold FORGE (1918 -1941)

Léopold Forge est né le 9 novembre 1918 à Asnières-en-Poitou.

Affecté au 6e régiment de cuirassiers, Léopold Forge et son unité sont envoyés aux Pays-Bas où il tiennent l’aile nord du plan Dyle. Rapidement surpassé par les panzers divisions et l’aviation allemande lors de la bataille des Pays-Bas, le 6e RC se repli vers Anvers. Léopold Forge est finalement fait prisonnier. Il apparait sur la liste officielle n°23 des prisonniers de guerre français en date du 30 septembre 1940. Il est incarcéré au stalag XX B à Mariembourg en Allemagne (aujourd’hui en Pologne) où il meurt le 11 janvier 1941.

Mort pour la France, Léopold Forge est inhumé au cimetière d’Asnières-en-Poitou (Deux-Sèvres).


1943 – Louis GIRAULT (1879 – 1942)

Né le 1er juillet 1879 à Saint-Sauveur-de-Givre-en-Mai (Deux-Sèvres), Louis Girault est issu d’une famille d’agriculteurs. Vétéran de la Grande Guerre, il récupère du matériel militaire français abandonné durant la débâcle de 1940.

Le 17 octobre 1942, à la suite d’une dénonciation, la Feldgendarmerie perquisitionne sa propriété et découvre, dissimulée dans un arbre creux, une mitrailleuse française. Il est aussitôt emprisonné à Niort avec son fils et son gendre. Malgré l’intervention du préfet des Deux-Sèvres, Charles Roger-Machard, auprès des autorités allemandes, pour obtenir leur indulgence, le tribunal militaire le condamne à mort.

Louis Girault est exécuté à Chizon le 12 décembre 1942, puis inhumé au cimetière des Sablières de Niort. Son appartenance au groupe des Francs-tireurs et partisans français (FTPF) de Bressuire du 1er au 17 octobre 1942, est reconnue après la guerre.


1943 – Camille THEBAULT (1906 – 1943)

Né à Romans en 1906, il rejoint la Crèche, dans les Deux-Sèvres. Jeune homme, il travaille à l’atelier familial de menuiserie. Il effectue son service miliaire de 1927 à 1929 et épouse Gabrielle Champagne le 23 avril 1930, jour de son anniversaire.

Le 2 septembre 1939, il est mobilisé et promu au grade d’adjudant. Il est démobilisé après l’armistice de juin, intègre alors la Résistance en juillet 1940 et la résistance armée en 1941.

Il ne cesse d’agir et de prendre des responsabilités. En juillet 1942, il dirige les FTPF des département de la Vienne, de la Vendée, des Deux-Sèvres et du Maine-et-Loire. En septembre 1942, il est promu adjoint au colonel Rol Tanguy, commandant la région Atlantique des FTPF, qui le nomme capitaine en janvier 1943.

Le capitaine Thebault et chargé d’organiser le sabotage et les coups de main dans ces quatre départements, ainsi que la collecte du renseignement. Ses rapports sont régulièrement transmis à Londres. Il réaliste de nombreuses opérations et, entre autres, des sabotages à Lusignan, Poitiers, Neuville du Poitou et Angers. Début 1943, avec son épouse Gabrielle, ils participent à la destruction d’un observatoire allemand.

Arrêté le 8 février 1943, blessé par balles, il est transféré à la prison de la Pierre Levée à Poitiers et soumis à la torture pendant trois mois. Sa femme sera quant à elle arrêtée le 16 septembre 1943, puis déportée à Ravensbrück et Bergen-Belsen.

Aucune dénonciation ni aucune arrestation suivit la sienne. Il garde secret le code en vigueur pour la transmission des renseignements et l’accès à la cache d’armes dont il avant la gestion dans les bois près de Lusignan.

Le colonel Rol Tanguy écrivit sur lui : « Je lui dois d’avoir pu poursuivre la lutte jusqu’à la Libération, son silence m’a protégé. Aucun supplice n’a pu le faire parler ».

Il meurt le 19 mai 1943 sans avoir rien cédé. Son corps est ramené à La Crèche. Il est inhumé au cimetière communal le 23 mai 1943.

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